samedi 31 mars 2012

Le bonheur créatif

Jiddu Krishnamurti (1895-1986), philosophe indien, développe dans ses ouvrages l’idée générale qu’une transformation de l’être humain ne peut se faire qu’en se libérant de toute autorité, de toute idéologie. Voici quelques idées sur ce qu’il appelle le «bonheur créatif» :

«Un métier n’est qu’une partie de la vie, mais il existe aussi d’autres parties qui sont cachées et mystérieuses. Privilégier une partie et nier ou négliger le reste ne peut que conduire à une activité bancale et morcelée. Et c’est précisément ce qui se passe dans le monde d’aujourd’hui, avec ses conflits sans cesse plus grands, sa confusion et sa misère. Il y a, bien entendu, quelques exceptions, les créateurs, les heureux, ceux qui sont en contact avec quelque chose qui n’a pas été fait par l’homme et qui ne sont pas dépendants des choses de l’esprit.

Vous et moi avons intrinsèquement la capacité d’être heureux, d’être créatif, d’être en contact avec quelque chose qui est au-delà des griffes du temps. Le bonheur créatif n’est pas un cadeau réservé à quelques-uns, mais pourquoi la majorité des gens ne connaît-elle pas ce bonheur? (…) Le bonheur créatif n’a aucune valeur marchande, il n’est pas possible de le vendre au plus offrant, mais c’est bien quelque chose qui peut se partager entre tous.»

C’est le bonheur que je nous souhaite.

Source : Krishnamurti, Commentaires sur la vie, tome 2. Paris, Buchet /Chastel, 1973, pp. 8-10

vendredi 23 mars 2012

Printemps


matin de printemps
un rideau de neige tombe
en forme d'oies blanches

Hivernité, Éditions du Glaciel, 2010.


Photo : Roger Joannette, Parc du Bic, mars 2012

mercredi 14 mars 2012

Haïkus d'autrefois : Paul Éluard


Illustration : Fernand Léger, 1953

1942. Seconde Guerre mondiale. La France est occupée. Les résistants sont actifs. Parmi ceux-ci, Paul Éluard, qui écrit un magnifique poème, Liberté, destiné à redonner espoir aux Français. Ce tract sera parachuté à des milliers d’exemplaires par des avions britanniques sur le sol français et aura un immense retentissement.

Sait-on que Paul Éluard (1895-1952), né Eugène Grindel, a déjà publié des haïkus ? Associé, dès 1918, au mouvement dada et au surréalisme, son recueil, Pour vivre ici, onze haïkaï, est publié en 1920 par la NRF. René Maublanc dans la revue Le Pampre (1923), dira de ses haïkus qu’ils sont mystérieux et hermétiques. En voici quelques-uns :

À moitié petite,
La petite
Montée sur un banc.

Le vent
Hésitant
Roule une cigarette d’air.

Palissade peinte
Les arbres verts sont tout roses
Voilà ma saison.

Roues des routes,
Roues fil à fil déliées,
Usées.

Une plume donne au chapeau
Un air de légèreté
La cheminée fume.

vendredi 9 mars 2012

Haïku d'hiver


le vent dans les arbres
le jeu des ombres
sur la neige

Hivernité, Éditions du Glaciel, 2010.


(photo : Roger Joannette)

samedi 3 mars 2012

Bibliothérapie

Bibliothérapie. Lire, c’est guérir. C’est le beau titre de l’essai de Marc-Alain Ouaknin. La bibliothérapie, c’est la thérapie par les livres. Que se passe-t-il lorsque le livre a rendez-vous avec son lecteur ? Selon Ouaknin, la bibliothérapie est un ensemble de lectures sélectionnées pour leur potentiel thérapeutique. On peut ainsi résoudre des problèmes personnels par l’intermédiaire de lectures dirigées. Que se passe-t-il lorsque nous lisons ? Lorsque nous interprétons un texte, un récit ?

«La bibliothérapie est fondée sur une pratique de la lecture qui permet à l’homme d’aller au plus profond de lui-même et de s’inventer à chaque fois de manière différente.» Citant Paul Ricoeur : «Comprendre un texte, c’est se comprendre. Se comprendre, c’est se comprendre devant le texte et recevoir de lui les conditions d’un soi, autre que le moi qui vient à la lecture.» p. 251

La lecture est, comme on le sait, la rencontre de l’auteur et du lecteur, deux subjectivités qui s’enrichissent mutuellement. La lecture devient une activité créatrice de sens par laquelle l’être humain se réalise et, symboliquement, écrit son propre livre, lui qui est appelé à remplir sa particularité, son unicité, sa mission dans le monde.

Pourrait-on parler de haïku-thérapie ? Probablement. On observe quelques tentatives dans le monde francophone. En anglais, on trouve déjà des sites Internet de haiku therapy et de poetry therapy, notamment.

Source : Ouaknin, Jean-Alain. Bibliothérapie. Lire, c’est guérir. Paris, Seuil, 1994. Collection Points Sagesses, numéro 239