dimanche 30 septembre 2012

Hokusaï

Katsushika Hokusai (1760-1849) est un peintre, dessinateur et graveur japonais. Se surnommant lui-même « le fou de peinture » ou « le fou de dessin », Hokusai a toujours été porté par sa passion même s’il semble avoir éprouvé des difficultés à vivre de son art. On estime son oeuvre à environ 30 000 dessins, peintures et gravures. On voit parfois des estampes de Hokusai illustrer des recueils de haïkus. À sa manière, il a saisi l’instant, réel ou imaginaire, comme dans le haïku.

L’œuvre La grande vague de Kanagawa, appelée aussi Sous la vague au large de Kanawaga, est l’une des estampes illustrant les Trente-six vues du mont Fuji, qui lui valent une reconnaissance à 71 ans. On raconte que, pendant les dix dernières années de sa vie, il s’impose de réaliser un dessin par jour. Il s’éteint à l’âge de 89 ans. Ses dernières paroles : « Encore cinq ans de plus et je serais devenu un grand artiste. » Comme quoi on n’est jamais tout à fait satisfait.

À la faveur du japonisme, c’est-à-dire l’influence de l’art japonais sur les artistes occidentaux à la fin du XIXe siècle, les peintres impressionnistes tels que Gauguin, Van Gogh et Monet seront influencés par Hokusai.

Source : Shotaro Ishinomori, Hokusai. Kana, 2010.

dimanche 16 septembre 2012

Construire ou accueillir une image?

Dans le haïku contemporain, on cherche à construire une image qui frappera l’imagination du lecteur, on souhaite traduire ou même inventer l’instantané, traquer l’insolite, et désigner ainsi le moment haïku. Par exemple :

Les gens s’en vont.
Les arbres dépouillés
murmurent-ils?

Kazuko Nishimura

Le jet d’eau s’arrête,
ennuyé
par son propre jeu.

Michiko Kaï

Dans le premier haïku, on pose la question au lecteur qui n’a pas le choix de répondre oui ou non et faire le lien avec les gens qui s’en vont. On oriente le lecteur vers la réponse possible. Dans le second, on prête une intention au jeu d’eau pour créer un effet, une émotion.

Chez les auteurs de haïku ancien, on semble voir les choses différemment. On observe davantage une mise en forme toute simple des petits détails de la vie quotidienne. Ainsi :

En fondant,
la neige
ravive les pousses.

Dans l’attente du printemps,
j’aperçois déjà
des détritus sous la glace.

Le rossignol chante…
J’interromps mon travail
au-dessus de l’évier.

Chigetsu Kawaï (vers 1640-1718)

Clair de lune.
Un criquet sur la pierre
commence à chanter.

À travers la haie,
je fais admirer à mon voisin
les fleurs de pivoine.

Chiyo-ni (1703-1775)

Dans ces haïkus, la poésie découle de la lecture. L’image surgit du poème. L’auteur n’oriente que peu ou pas du tout l’interprétation qu’en fera le lecteur. Quoi qu’il arrive, le lecteur accueille l’image et demeure, jusqu’à un certain point, libre de construire sa représentation personnelle.

Référence : Haïjins japonaises, Du rouge aux lèvres. Anthologie traduite du japonais et présentée par Dominique Chipot et Makoto Kemmoku. La Table Ronde, 2008. 265 p.