lundi 26 mai 2014

Un petit lièvre



Vu dans le Parc national du Bic et j’ai réussi à le photographier.


matin de mai
un lièvre sur la plage
écoute la mer

dans Laisse de mer, Éditions du Glaciel, 2009.

Photo : © Louise Vachon

lundi 19 mai 2014

1914-2014


La Première Guerre mondiale : 60 millions de soldats y ont pris part. Le conflit a fait 9 millions de morts, 12 millions de blessés. En ce centenaire de la Première Guerre mondiale, revenons sur quelques haïkus («haï-kaï») qui ont été écrits à cette époque.


Sur son chariot mal graissé,
L'obus très haut, pas pressé,
Au-dessus de nous a passé.


Comme une balle élastique,
Projeté par le tapis,
Il bondit, bondit, bondit.

Dans des splendeurs voltaïques
Tourbillonnent des corps ailés…
Au-dessus d’un grand filet.

Après ces éblouissements
Nous ramenons, dans la nuit noire,
Le désespoir de nos enfants.

Avec la terre
Leurs corps célèbrent des noces
Sanglantes.

Parmi ces débris, ramassez
Ce qui peut être encore utilisé.
Vous laisserez le reste.

Sentir
Que tout l'être s'effondre 
Dans la faim, le froid et la peur.

Julien Vocance
Mai 1916
Le recueil Cent visions de guerre a été composé au front, dans la boue des tranchées, où le poète a perdu l'oeil gauche.

L’obus en éclats
Fait jaillir du bouquet d’arbres
Un cercle d’oiseaux.

Trou d’obus où cinq cadavres
Unis par les pieds rayonnent,
Lugubre étoile de mer.

Georges Sabiron
Soldat au 149e d’infanterie, Georges Sabiron a été tué dans les tranchées d’Arcy-Sainte-Restitue, quelques mois après avoir écrit ces haï-kaïs que La vie a publiés en mars 1918.

Surgit de l’herbe verte,
Des coquelicots à la main,
Le major ventru.

Mes amis sont morts.
Je m’en suis fait d’autres.
Pardon…

René Maublanc
19-20 juillet 1917


À lire :
Nouvelle revue française :
Haïkus de René Maublanc :
Julien Vocance, Le livre des haï-kaï :

Dominique Chipot, En pleine figure. Haïkus de la guerre de 14-18. Paris, Ed. Bruno Doucey, 2013.