« Dans
ce pays, on peut comprendre toute la parfaite beauté des haï-kaï que nous ont
légués les poètes d’Extrême-Orient. Ces gens ne se laissaient pas enivrer par
la nature; ils gardaient toute la fraîcheur d’esprit des enfants. Ils
décrivaient ce qu’ils voyaient sans artifice ni procédés. (…) Un véritable
haï-kaï doit être simple comme la soupe (en
anglais, Kerouac dit : « as simple as porridge ») et
cependant avoir la saveur de la réalité. Le
plus beau des haï-kaï est probablement celui-ci :
Le moineau sautille
sur la terrasse,
Il a les pattes
mouillées.
C’est un
poème de Shiki. On voit les traces des petites pattes mouillées avec les yeux
de l’imagination. Et cependant, dans ces quelques mots, il y a aussi la pluie
qui est tombée ce jour-là. On sent presque le parfum des aiguilles de pin
humides. »
Référence :
Jack Kerouac, Les clochards célestes (The Dharma Bums). Paris, Gallimard,
1963. Collection Folio 565, p. 94-95.