lundi 15 décembre 2014

Neige



dans les champs
les sillons blanchis
par la première neige

dans Hivernité, Éditions du Glaciel, 2010, p. 4

Photo : © Roger Joannette

mercredi 5 novembre 2014

Octavio Paz


L’écrivain mexicain, Octavio Paz (1914-1998), lauréat du Prix Nobel de littérature en 1990, est l’auteur d’une œuvre considérable. Artiste engagé en politique, il lutte contre la violence, l’oppression, le fascisme. Il mène une carrière diplomatique en France, en Inde et au Japon. Le contact avec la culture japonaise l’amène, sans doute, à s’intéresser au haïku. Il publie Renga* chez Gallimard, en 1971, avec Jacques Roubaud (France), aussi membre de l’OuLiPo (Ouvroir de littérature potentielle), Edoardo Sanguineti (Italie) et Charles Tomlinson (Royaume-Uni).

En 1969, à Paris, Octavio Paz et ses trois amis passent cinq jours au sous-sol d’un hôtel parisien. La rencontre entre cette antique forme de poésie japonaise qu’est le renga et ces quatre poètes modernes de nationalités différentes donne naissance à un texte à références culturelles multiples. Dédié à André Breton, chef de file du mouvement  surréaliste, Renga doit être vu comme une métaphore du renku japonais, puisqu’il prend la forme d’une chaîne, non pas de haïkus ou de tankas, mais bien de quatre séquences de sept sonnets, en quatre langues. Cet ouvrage est aujourd’hui épuisé. Octavio Paz a également écrit des haïkus et il a produit des textes sur le haïku. On peut en lire certains, en espagnol, dans Internet.

Quelques extraits des haïkus d’Octavio Paz :

Contra el agua, días de fuego.
Contra el fuego, días de agua.

El sol es tiempo;
el tiempo, sol de piedra;
la piedra, sangre
.

Gentes, palabras, gentes.
Dudé un instante:
la luna arriba, sola.

Référence : Terebess Asia Online 


*Un renga ou renku est une chaîne de haïkus ou de tankas écrits par plusieurs poètes.


dimanche 19 octobre 2014

Octobre



octobre sur les berges
le retour de la sauvagine
et des chasseurs

Laisse de mer, Éditions du Glaciel, 2009, p. 29

Photo : © Louise Vachon

lundi 6 octobre 2014

Températures fraîches



gelées matinales
le foin de mer
tourne au gris

dans Laisse de mer, Éditions du Glaciel, 2009, p. 29

Photo : © Louise Vachon

samedi 13 septembre 2014

Le shinrin-yoku


La nature est, pour les haïkistes, une source d’inspiration infinie. Au Japon, on appelle shinrin-yoku (« bain de forêt ») l’activité de détente qui consiste à marcher en forêt. Des études récentes suggèrent que les espaces verts ont un lien avec la santé : on observe une amélioration de l’état émotionnel chez les personnes stressées et un taux de mortalité moins élevé chez les personnes âgées qui demeurent près d’un espace vert. (1)

« Il semble que les bénéfices ne proviendraient pas uniquement de la tranquillité mais également des composés organiques volatils émis par les arbres. Ces phytoncides, ou huiles essentielles, auraient des propriétés antibactériennes, anti-inflammatoires et même anticancérigènes.

Des études sont en cours afin de comprendre l’effet de ces substances. Néanmoins, une large analyse japonaise comprenant des participants de 24 communautés a déjà démontré que l’environnement de la forêt diminue les facteurs d’inflammation, la concentration en cortisol ainsi que la pression artérielle. » (2)

Selon Christophe André, les balades en forêt entraînent également d’autres bénéfices tels « une amélioration des réponses immunitaires dont l’effet persiste environ un mois après deux jours de balade. » (3)

L’arbre et la santé du coeur

L’arbre serait notre meilleur allié contre la pollution, puisqu’il purifie l’air. En effet, il capte le CO2 et donne de l’oxygène, en plus d’absorber le bruit. Dans Le Devoir du 31 mai – 1er juin 2014, le Dr François Reeves parle même de « quantification des risques » en matière de pollution et de santé : avec le taux de pollution d’une ville, celui de l’industrialisation de son alimentation et le degré de verdissement, on peut maintenant déterminer le taux de mortalité liée aux maladies cardiovasculaires. Auparavant, on pensait que seules l’hérédité et l’alimentation avaient une incidence sur ces maladies. On sait maintenant que la pollution de l’air entraîne l’oxydation de nos artères.

On estime qu’en augmentant le taux de verdissement de 25 %, dans une ville comme Montréal, tout en diminuant la pollution, en favorisant les énergies vertes et le transport actif, on réduirait de 25 à 75 % le taux de mortalité dû aux maladies cardiovasculaires.

Photo : © Roger Joannette

Références :
(1)   Stephen Vida, « Les espaces verts urbains et la santé », La Presse, 16 avril 2010. http://www.lapresse.ca/opinions/201004/16/01-4271221-les-espaces-verts-urbains-et-la-sante.php
(2)   Lise Gobeille, « L’arbre au cœur de notre santé », Le Devoir, 31 mai – 1er juin 2014, p. D6.
(3)   Christophe André, Et n’oublie pas d’être heureux, Paris, Odile Jacob, 2014, p. 225-226.
Pour en savoir plus : François Reeves, Planète Cœur. Santé cardiaque et environnement. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine et Éditions MultiMondes, 2011.


dimanche 13 juillet 2014

Rensaku - Printemps a cappella




Une nouvelle publication d’un collectif formé de Luce Pelletier, Stevie Strang, Kath Abela Wilson et moi-même. Après la parution de trois autres recueils sous la direction de Luce Pelletier, ayant pour thème les saisons, voici le petit dernier – et non le moindre – sur le printemps. Quatre poètes de haïku actives dans leur milieu – deux Québécoises, deux Californiennes – des visions différentes, des petits moments partagés dans des styles et des langages différents. Extrait :




du bleu et du vert
sur l’eau de la baie
rubans de pollen (LV)

long after
the song has ended
the scent of spring (SS)

silly goose
my bliss
at your touch (KW)

te murmurer
la saveur du fruit –
fleurs de pommier (LP)

soir de juin
le ciel encore bleu
et la lune de printemps (LV)

muguet
sous le pas
ivresse (LP)

your whistle at me
the taste of blue-eyed grass (KW)

long after
the song has ended
the scent of spring (SS)

Disponible auprès des auteures.


Illustration : Kath Abela Wilson

mercredi 11 juin 2014

Le Prix Jocelyne-Villeneuve


Depuis 2012, Haiku Canada attribue chaque année le Prix Jocelyne-Villeneuve. J’ai eu le plaisir de mériter une mention honorable au concours 2014, dont voici les gagnants :

1er prixCéline Landry :

Odeur de cigare
dans les papiers de succession
oh daddy daddy

2e prix – Huguette Ducharme :

griffes refermées
l’aigle emporte au ciel
un peu de mer

3e prixLucia Iubu (Roumanie) :

Au rendez-vous
toutes les couleurs de l’automne
mon bien-aimé absent

Mentions honorables :

Matin glacial
En passant sur le pont
Je traverse un nuage

Claire Andrée Bourgeois


jupe fendue
à chacun de ses grands pas
un éblouissement

Michel Betting, France


main tendue
vers le téléphone
– mais elle n’est plus

Carole Bourdages


un champ de neige
sous le vent du Labrador
le harfang immobile

Louise Vachon


effleurements
souffle contre souffle
les yeux gourmands

Patrick Fetu, France


Seule la lumière
peut la toucher –
feuille dans la glace

Eduard Tara, Roumanie


guerre civile –
des violettes sauvages
entourent les obus

Lavana Kray, Roumanie

mercredi 4 juin 2014

Jocelyne Villeneuve

Jocelyne Villeneuve (1941-1998) est née à Val-d’Or (Québec) et a passé la majeure partie de sa vie à Sudbury (Ontario). Titulaire d’un baccalauréat en bibliothéconomie, elle travaille à l’Université Laurentienne de Sudbury. Un grave accident de la route la laisse paralysée. Elle réoriente sa vie vers l’écriture. C’est l’une des premières femmes à avoir publié des haïkus en français. Elle est l’auteure de trois recueils : La saison des papillons (Naaman, 1980), Feuilles volantes (Naaman, 1985), et Marigolds in Snow (Penumbra, 1993). Un recueil, Bagatelles, est demeuré inédit. Elle a également publié une douzaine d’ouvrages – poésie, contes, récits, nouvelles – entre 1977 et 1998.

Pique-nique. La fourmi
sur la nappe quadrillée disparaît
dans un carreau noir.

Le jour s’anime.
Sur le feu, l’eau qui bout
à petit bruit.

Le ciel dans l’eau,
Les poissons se faufilent
sous les nuages.

Couleurs de l’été
mêlées aux cris d’un enfant
qui n’est pas le mien…

J'entends la grive -
Derrière moi, les notes oubliées 
d'un autre été.

Le geai s'envole.
La branche où il était perché
continue de vibrer.

la lune de la faim
me regarde dormir
j'ai quarante ans

Fête du Travail
découverte au retour du chalet
le calendrier indique juin

jour d'hiver
un couple se partage
un seul sachet de thé

Références :

lundi 26 mai 2014

Un petit lièvre



Vu dans le Parc national du Bic et j’ai réussi à le photographier.


matin de mai
un lièvre sur la plage
écoute la mer

dans Laisse de mer, Éditions du Glaciel, 2009.

Photo : © Louise Vachon

lundi 19 mai 2014

1914-2014


La Première Guerre mondiale : 60 millions de soldats y ont pris part. Le conflit a fait 9 millions de morts, 12 millions de blessés. En ce centenaire de la Première Guerre mondiale, revenons sur quelques haïkus («haï-kaï») qui ont été écrits à cette époque.


Sur son chariot mal graissé,
L'obus très haut, pas pressé,
Au-dessus de nous a passé.


Comme une balle élastique,
Projeté par le tapis,
Il bondit, bondit, bondit.

Dans des splendeurs voltaïques
Tourbillonnent des corps ailés…
Au-dessus d’un grand filet.

Après ces éblouissements
Nous ramenons, dans la nuit noire,
Le désespoir de nos enfants.

Avec la terre
Leurs corps célèbrent des noces
Sanglantes.

Parmi ces débris, ramassez
Ce qui peut être encore utilisé.
Vous laisserez le reste.

Sentir
Que tout l'être s'effondre 
Dans la faim, le froid et la peur.

Julien Vocance
Mai 1916
Le recueil Cent visions de guerre a été composé au front, dans la boue des tranchées, où le poète a perdu l'oeil gauche.

L’obus en éclats
Fait jaillir du bouquet d’arbres
Un cercle d’oiseaux.

Trou d’obus où cinq cadavres
Unis par les pieds rayonnent,
Lugubre étoile de mer.

Georges Sabiron
Soldat au 149e d’infanterie, Georges Sabiron a été tué dans les tranchées d’Arcy-Sainte-Restitue, quelques mois après avoir écrit ces haï-kaïs que La vie a publiés en mars 1918.

Surgit de l’herbe verte,
Des coquelicots à la main,
Le major ventru.

Mes amis sont morts.
Je m’en suis fait d’autres.
Pardon…

René Maublanc
19-20 juillet 1917


À lire :
Nouvelle revue française :
Haïkus de René Maublanc :
Julien Vocance, Le livre des haï-kaï :

Dominique Chipot, En pleine figure. Haïkus de la guerre de 14-18. Paris, Ed. Bruno Doucey, 2013.

lundi 28 avril 2014

Printemps en ville



premières chaleurs
les tours à bureaux se vident
à la pause-café

Publié dans la revue Gong, numéro 43.
Association francophone de haïku, avril-juin 2014.


On peut imaginer sans peine le printemps en ville. Heureusement qu’il y a la nature et, chez nous, l’hiver n’est pas encore fini.






Photo : © Roger Joannette

lundi 21 avril 2014

Ozaki Hôsai

Promis à un brillant avenir, Ozaki Hôsai (1885-1926) fréquente l’université impériale de Tokyo. Il obtient un diplôme en 1909 et se lance dans le domaine des assurances. Son intérêt pour le haïku date de ses jeunes années et son écriture est influencée par le poète Seisensui Ogiwara. Connaissant diverses difficultés personnelles, il abandonne famille et travail et se retrouve errant et mendiant autour des temples bouddhistes. Il trouve l’inspiration dans tout ce qui l’entoure. Ses haïkus, publiés à titre posthume, sont souvent minimalistes et traduisent la solitude et le dénuement.


Sifflotant sans cesse
ce matin
dans le bois qui bleuit

Les os
de mes doigts
ont maigri

Des fleuristes
le bruit des ciseaux –
je fais la grasse matinée

Une journée sans un mot –
j’ai montré
l’ombre d’un papillon

Sur la pointe d’une herbe
devant l’infini du ciel
une fourmi

Dans mon dos passe un train –
j’arrache les mauvaises herbes
sans lever la tête

Au fond de la brume
le bruit de l’eau –
je pars à sa rencontre

Dénigrer autrui ?
Je me lave l’esprit
en écossant mes pois

Dans la nuit de décembre
un lit glacé –
voilà tout ce que j’ai

Si seul
que je fais bouger mon ombre
pour voir

Dans la boîte à clous
tous les clous
sont tordus

On voit un peu la mer
par la petite fenêtre



Références :
William J. Higginson with Penny Harter, The Haiku Handbook, Tokyo, Kodansha International, 1985.
Corinne Atlan et Zéno Bianu, Haïku. Anthologie du poème court japonais. Paris, Gallimard, 2002.
Corinne Atlan et Zéno Bianu, Haïku du XXe siècle. Le poème court japonais d’aujourd’hui. Paris, Gallimard, 2007.
Sites Internet : www.nekojita.free.fr et www.lalitteraturejaponaise.com


vendredi 28 mars 2014

Mars





printemps tardif
les glaces sur le Saint-Laurent
encore immenses

dans Laisse de mer, Éditions du Glaciel, 2009.

Photo : © Roger Joannette

dimanche 9 mars 2014

Fin d'hiver



la clarté lumineuse
du soleil sur toutes choses
fin d’hiver

dans Hivernité, Éditions du Glaciel, 2010.
Photo : © Roger Joannette

samedi 22 février 2014

Ici et maintenant, vivons pleinement


Psychothérapeute, professeure émérite de l’université de Nice et connue surtout pour ses travaux sur la psychogénéalogie, Anne Ancelin Schützenberger signe ici un petit livre sans prétention.

À 95 ans – elle est née en 1919 à Moscou – elle nous redit la joie de vivre pleinement et la nécessité de profiter de chaque instant. Comment trouver, garder et développer sa vitalité tout en donnant le moins de prise possible aux émotions négatives ? Mme Ancelin Schützenberger est formelle : il faut se faire au moins quatre plaisirs par jour « comme s’ils étaient prescrits par une ordonnance médicale ». À son âge, elle n’a pas la naïveté de croire que la vie n’est que béatitude. Elle n’a pas eu la vie facile par moments, elle qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, fut sauvée in extremis par le Débarquement et le rappel des troupes nazies vers la Normandie. Sa vie a souvent tenu à peu de choses. « Le bonheur importe peu, ce qui compte, c’est de vivre pleinement. Alors seulement, la vie devient intéressante. Sans qu’on soit forcément heureux, chaque instant s’emplit de passion. »

Ne pas se faire de souci pour rien. Accepter les choses comme elles sont. Écouter le hasard. Flairer les choses invisibles.

Inspirant pour les amateurs du moment présent.

Ne pas oublier le monde tel qu’il est, ou tel qu’il devient.
Courir avec le vent.
Sauter dans le train en marche.
Avoir du flair – oui, du flair.
Et y croire.


Référence : Anne Ancelin Schützenberger, Ici et maintenant, vivons pleinement. Paris, Payot, 2013. 87 p.

vendredi 14 février 2014

Tempête


blizzard
à ne pas mettre un chien dehors
j’y suis

dans Hivernité, Éditions du Glaciel, 2010.

Photo : © Roger Joannette

dimanche 2 février 2014

Chandeleur

«À la Chandeleur, l'hiver se passe ou prend vigueur.»
ou encore le proverbe québécois :
«À la Chandeleur, la neige est à sa hauteur.»

Hélas, avec les changements climatiques, on n'a plus les hivers qu'on avait.... Profitons quand même de cette belle lumière d'hiver.


après-midi d'hiver
le plaisir de la raquette
mes pas dans les tiens

dans Hivernité, Éditions du Glaciel, 2010.
Photo : © Roger Joannette

dimanche 19 janvier 2014

Takahama Kyoshi


Takahama Kyoshi (1874–1959) est un successeur de Shiki et une grande figure du haïku moderne. Dès 1898, il dirige la revue de haïku que Shiki a fondée, Hototogisu (Coucou). Sous son influence, celle-ci deviendra un magazine de fiction. Il écrit lui-même des nouvelles, des romans, des pièces de théâtre, des journaux de voyage. Shiki aime le haïku de 17 syllabes et le kigo (mot de saison). Il deviendra le mentor de plusieurs poètes contemporains de haïku. Takahama Kyoshi a composé, dit-on, entre 40 000 et 50 000 haïkus parus dans diverses anthologies. En voici quelques-uns :




Un serpent s'est enfui.
Ses yeux qui m'ont regardé
Seuls restent dans les herbes.


On appelle cette fleur pivoine blanche.
Oui, mais
Un peu de rouge.


Les filles prennent des plants de riz.
Des reflets d'eau oscillent
Sur les envers des chapeaux en carex.


Un chien s'endort
Il tient sa tête entre ses pattes.
Maison de chrysanthèmes.


Je regarde la rivière.
Une peau de banane
Tombe de ma main.


Quand on dépose une chose
Une ombre d'automne
Naît là.


Les racines d'un grand arbre d'été
Sur une roche
S'étendent dans toutes les directions.


J'ai reçu un pétale tombé de cerisier à la main.
Ouvrant le poing
Je n'y trouve rien.


Références :
William J. Higginson with Penny Harter, The Haiku Handbook, Tokyo, Kodansha International, 1985.
Site Mushimegane de Ryu Yotsuya.

Photo : Wikipédia

dimanche 12 janvier 2014

Pêche blanche


matin glacial
un village de maisonnettes
pour la pêche blanche

Louise Vachon, Laisse de mer, Éditions du Glaciel, 2009.
Photo : © Roger Joannette