vendredi 24 décembre 2010

L’art de la simplicité

« Pour moi ce n’est qu’à force de simplicité et de transparence que je parviens à aborder mes secrets essentiels et à décanter ma poésie profonde. » Jules Supervielle
La simplicité : se débarrasser de tout ce qui nous encombre…  Pas facile dans le temps des fêtes. Savoir faire le vide, se passer du superflu, matériellement et mentalement, et laisser entrer l’essentiel, l’apaisement, la poésie. Devenir enfin qui nous sommes, nous y appliquer à temps plein. C’est ce que je nous souhaite pour l’année qui vient.
À lire pour alimenter la réflexion, un entretien avec Dominique Loreau : l’art de la simplicité.
Pour Noël, un haïku de mon recueil Hivernité (Éditions du Glaciel, 2010) :
matin de Noël
le bonheur court
en pyjama

mardi 21 décembre 2010

Carpe diem (saisir l’instant)

L’esprit du haïku, c’est l’instant présent. Nous n’avons plus aucune prise sur l’événement passé et pas vraiment non plus sur ce qui est à venir, bien que nos actions présentes contribuent, en partie, à façonner l’avenir.
«La flèche zen du temps n’a ni hier ni demain, seul ce qui est présent est réel. Il faut désapprendre tout le reste et réapprendre ce qu’il y a de profond dans la simplicité, car seule la simplicité est porteuse d’harmonie.» Victor-Lévy Beaulieu, Ma vie avec ces animaux qui guérissent. Éditions Trois-Pistoles, 2010, p. 121.
Il nous faut vivre chaque instant pleinement, aviver notre conscience d’être partie prenante de la Vie et savourer la liberté de participer à une harmonie qui nous dépasse. « Être » ici et maintenant, sans nécessairement « avoir »  :
Ne possédant rien
comme mon cœur est léger
comme l’air est frais
                            Issa

samedi 11 décembre 2010

La disparition de la poésie

Combien de fois je me suis fait dire que « la poésie, ça ne se vend pas ». Et pourtant, on accepte mes recueils de haïkus en librairie, je participe à des salons du livre et des événements poésie ou haïku, et, oui, j’en vends. Je ne suis pas encore sur la liste des meilleurs vendeurs, mais si la poésie ne se vend pas, c’est peut-être parce qu’on n’essaie pas vraiment de la vendre. Dans nos sociétés mercantiles, on aime mieux ce qui se vend facilement, ce qui se vend tout seul. Nous faisons de la poésie le parent pauvre de la littérature alors qu’elle en est l’un de ses plus beaux fleurons.
Comme le dit Jacques Roubaud dans Le Monde diplomatique, « la poésie ne se vend pas, donc la poésie n’a plus d’importance. La poésie n’a plus d’importance, donc ne se vend pas. » Assisterons-nous bientôt à la disparition de la poésie ?
Par ailleurs, la poésie a-t-elle besoin d’être « vendable » pour exister? Louise Warren, dans Attachements (L’Hexagone, 2010, p. 166) cite Jacques Dupin pour qui la poésie «n’a aucun besoin d’être vendable, d’être lisible. Elle se contente de peu, et de moins encore. Elle vit de rien.»
En effet, des possibilités existent maintenant avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), qui rendent possible l’épanouissement de la poésie. Par exemple, la lecture à l’écran est, par la brièveté du genre, plus facilement réalisable, ce qui est déjà plus difficile pour le roman. Dans Internet, la poésie atteint de nombreux lecteurs et la création de différents lieux de diffusion (sites, blogues, forums) fait se rencontrer les poètes de partout dans le monde.