mercredi 16 novembre 2016

Wabi



Par définition, le haïku, qui cherche la simplicité, est souvent imprégné de wabi. Le wabi, c’est la beauté, la sérénité des choses simples associée à une certaine austérité. Ainsi, la vie monastique, une scène campagnarde, le calme de la nature reflètent le wabi. C’est peut-être à cause du wabi qui imprègne les poèmes qu’on associe souvent le haïku au zen et à la méditation. En voici quelques exemples :

Vieil étang
une grenouille plonge
le bruit de l’eau


À l’est, à l’ouest
le même sens du beau –
Vent d’automne



Devant l’éclair
sublime est celui
qui ne sait rien!

Bashô

Dans mon bol de fer
en guise d’aumône
la grêle

Taveda Santôka

Le Bouddha m’accorde
un peu de temps –
je fais la lessive

Hôsai

Au sanctuaire –
sur les pérales de magnolia
des fleurs de cerisier

Ryôkan

En poésie française, certains poèmes des Méditations poétiques d’Alphonse de Lamartine traduisent le wabi. Voici un extrait de L’Automne :

Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire;
J’aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois.

En poésie québécoise, on peut citer, entre autres, Hector de Saint-Denys Garneau :

Les ormes

Dans les champs
Calmes parasols
Sveltes, dans une tranquille élégance
Les ormes sont seuls ou par petites familles.
Les ormes calmes font de l’ombre
Pour les vaches et les chevaux
Qui les entourent à midi.
Ils ne parlent pas
Je ne les ai pas entendus chanter.
Ils sont simples
Ils font de l’ombre légère
Bonnement
Pour les bêtes.

(Regards et jeux dans l’espace)

Pour aller plus loin :
Bashô, Seigneur ermite. L’intégrale des haïkus, La table ronde, 2012.
Haïku – Anthologie du poème court japonais. Présentation, choix et traduction de Corinne Atlan et Zéno Bianu. Gallimard, 2002.
William J. Higginson, The Haiku Handbook, Kodansha International, 1985.
Laurent Mailhot et Pierre Nepveu, La poésie québécoise, des origines à nos jours. Typo, 2007.

Photo : ©️Roger Joannette

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