samedi 28 janvier 2012

Tous les soleils

L’histoire de ce film de Philippe Claudel : un professeur de musique, veuf depuis quinze ans, consacre sa vie à sa fille adolescente. Parallèlement, il accompagne les patients d’un hôpital en leur faisant la lecture. Parmi ces lectures, des haïkus, qu’il lit à une femme en soins palliatifs. En entrevue pour « Dit d’Asie », en 2009, Philippe Claudel dit ceci :

« J’ai aussi depuis ces dernières années, un rapport un peu plus particulier avec la lecture de recueils de haïkus. Cette forme poétique m’intéresse beaucoup parce qu’elle est complètement inconnue dans notre poésie occidentale, où l’on n’a pas l’équivalent d’une poésie très brève, qui essaye de rassembler beaucoup de choses. Et donc cette forme de brièveté m’intéresse, comme le jardin japonais, qui, par analogie, cherche dans sa conception à rassembler l’univers, ou tout au moins à le symboliser. J’aime bien ce rapport-là, qu’on trouve dans notre culture occidentale à l’âge baroque, entre des éléments petits qui veulent symboliser les grands éléments, entre microcosme et macrocosme. »

Source : Dit d’Asie, « Le Dit de Philippe Claudel », Réalisé avec le soutien du Lycée franco-japonais de Tokyo et du Service culturel de l’Ambassade de France, 6 octobre 2009.

samedi 21 janvier 2012

Poésie brève : le sijo

Parmi les formes brèves autres que le haïku ou le tanka, nous retrouvons le sijo dans la littérature coréenne. Le sijo est un poème de 45 syllabes, datant du XVe siècle. Comme il est originaire d’Asie, on le considère comme un cousin du haïku, mais toutes les formes de poésie orientale sont apparentées à la poésie chinoise. En version originale, les poèmes les plus anciens mêlent les caractères chinois et l’alphabet coréen.

On remarque, dans le sijo, une césure à peu près au milieu de chaque vers, ce qui explique la disposition en français sur trois ou six lignes. Le sijo peut raconter une histoire, exprimer une émotion ou élaborer une idée. D’inspiration souvent bucolique,  le sijo a aussi été utilisé pour exprimer des opinions politiques. Par exemple :

Une nuit où la lune brillait sur l’île de Hansan
Seul sur une tour de guet  L’épée au côté, en proie à l’angoisse
Venu d’on ne sait où l’appel d’un sifflet me déchire les entrailles

Amiral Yi-Sun-sin (1545-1598, héros de la lutte antijaponaise)

Le sijo peut employer la métaphore et aime les jeux de mots. Évoquant les saisons et les activités humaines, les sijos portent des titres évocateurs comme Almanach du pécheur, Quand vient l’automne, À l’orée d’un verger de poiriers, etc. Maurice Coyaud, dans Chants des saisons, en présente plusieurs :

À ma mort, devenu poussière
          Je me transformerai en rossignol
          Caché le jour dans les rameaux d'un poirier
          Chargé de fleurs
          Je sortirai la nuit et chanterai tant et tant que
          Mes chants atteindront les oreilles de ma mie
(Anonyme)

Selon certaines sources, la poétesse et kisaeng (geisha coréenne) Hwang Chin-i (1506-1544) est considérée comme l’une des meilleures auteures de sijos :

Je coupe en deux la longue nuit de novembre
Glisse une moitié sous la couverture printanière
Quand il viendra, je la déroulerai pouce après pouce, pour rendre la nuit plus longue

Sources :
(page consultée le 16 janvier 2012)

Maurice Coyaud. Chants des saisons. Anthologie bilingue de la poésie coréenne. Les belles lettres, 2009. 234 p.

samedi 14 janvier 2012

Haïku d'hiver

mes skis s’accrochent
à la poudreuse
froid extrême

tiré de : Hivernité, Éditions du Glaciel, 2010.
Photo : Roger Joannette.




dimanche 18 décembre 2011

Haïkus des années folles

On fait des découvertes intéressantes dans Internet. Par exemple, la revue littéraire Le Pampre, qui a été publiée de 1922 à 1926. Le numéro 10/11, paru en 1923, apparemment reproduit dans son intégralité, porte sur le haïkaï  français et regroupe 283 haïkus, tankas et autres poèmes de plusieurs haïkistes français sous la direction de René Maublanc : Paul-Louis Couchoud, Julien Vocance, Albert Poncin, et plusieurs poètes méconnus aujourd’hui. À noter les poèmes de Paul Éluard, Max Jacob, Jules Renard et quelques tercets philosophiques de Frédéric Nietzsche.

mardi 6 décembre 2011

La pleine conscience de l'instant



L’instant présent est le seul qui nous appartient. Dans notre réalité, le passé ou l’avenir n’existent que dans notre cerveau. Quand nous sommes dans l’instant, sommes-nous vraiment là ? Le présent est rempli de rêveries, de préoccupations de toutes sortes qui se succèdent les unes aux autres dans notre esprit, de sorte qu’il est difficile d’être vraiment dans la plénitude du moment. C’est ce qu’illustre le haïku de Bashô :


Même à Kyoto
au cri du coucou
Je rêve de Kyoto.

Pour Jon Kabat-Zinn, « nous saturons le temps dont nous disposons tout en nous plaignant par la suite de ne pas l’avoir vu passer. »

Référence : Jon Kabat-Zinn, L’éveil des sens. Paris, Ed. Les Arènes, 2009. Pocket  14424, pp. 446-448.

vendredi 25 novembre 2011

Biscuits chinois

Dans l’esprit du haïku, quoique d'un genre différent, une parution récente aux Éditions du Passage, 6o biscuits chinois de Lew Yung-Chien. Cet artiste, né à Shanghai, est diplômé de l’École supérieure des arts modernes de Paris. Il enseigne le taï-chi à Montréal et se consacre également à divers arts tels que la calligraphie, la photographie, la peinture et la poterie. 6o biscuits chinois est un florilège de pensées positives inspirantes, agrémentées de dessins. Quelques exemples :

Le cycle de la vie est circulaire. Faut-il pour autant toujours tourner en rond ?

Dans la vie comme en photographie, il faut savoir saisir l’instant.

L’argent est comme l’eau salée : plus on s’y abreuve, plus on a soif.

Référence : 60 biscuits chinois. Montréal, Éditions du Passage, 2011. 128 p.

jeudi 17 novembre 2011

Novembre

Temps froid. La neige, sans doute pour bientôt.

matin glacial
dans ma poche mon cellulaire
tout chaud

Tiré de Hivernité, Éditions du Glaciel, 2010.