Promis à un brillant avenir,
Ozaki Hôsai (1885-1926) fréquente l’université impériale de Tokyo. Il obtient
un diplôme en 1909 et se lance dans le domaine des assurances. Son intérêt pour
le haïku date de ses jeunes années et son écriture est influencée par le poète
Seisensui Ogiwara. Connaissant diverses difficultés personnelles, il abandonne
famille et travail et se retrouve errant et mendiant autour des temples
bouddhistes. Il trouve l’inspiration dans tout ce qui l’entoure. Ses haïkus,
publiés à titre posthume, sont souvent minimalistes et traduisent la solitude
et le dénuement.
Sifflotant sans cesse
ce matin
dans le bois qui bleuit
Les os
de mes doigts
ont maigri
Des fleuristes
le bruit des ciseaux –
je fais la grasse matinée
Une journée sans un mot –
j’ai montré
l’ombre d’un papillon
Sur la pointe d’une herbe
devant l’infini du ciel
une fourmi
Dans mon dos passe un train –
j’arrache les mauvaises herbes
sans lever la tête
Au fond de la brume
le bruit de l’eau –
je pars à sa rencontre
Dénigrer autrui ?
Je me lave l’esprit
en écossant mes pois
Dans la nuit de décembre
un lit glacé –
voilà tout ce que j’ai
Si seul
que je fais bouger mon ombre
pour voir
Dans la boîte à clous
tous les clous
sont tordus
On voit un peu la mer
par la petite fenêtre
Références :
William J.
Higginson with Penny Harter, The Haiku
Handbook, Tokyo, Kodansha International, 1985.
Corinne
Atlan et Zéno Bianu, Haïku. Anthologie du
poème court japonais. Paris, Gallimard, 2002.
Corinne
Atlan et Zéno Bianu, Haïku du XXe siècle.
Le poème court japonais d’aujourd’hui. Paris, Gallimard, 2007.
Il ne faut pas grand chose pour être heureux, ces haïku y contribuent.
RépondreSupprimerAmicalement