La Première Guerre
mondiale : 60 millions de soldats y ont pris part. Le conflit a fait 9
millions de morts, 12 millions de blessés. En ce centenaire de la Première
Guerre mondiale, revenons sur quelques haïkus («haï-kaï») qui ont été écrits à
cette époque.
Sur son chariot mal graissé,
L'obus très haut, pas pressé,
Au-dessus de nous a passé.
Comme une balle élastique,
Projeté par le
tapis,
Il bondit,
bondit, bondit.
Dans des
splendeurs voltaïques
Tourbillonnent
des corps ailés…
Au-dessus d’un
grand filet.
Après ces
éblouissements
Nous ramenons,
dans la nuit noire,
Le désespoir de
nos enfants.
Leurs corps célèbrent des noces
Sanglantes.
Parmi ces débris, ramassez
Ce qui peut être encore utilisé.
Vous laisserez le reste.
Sentir
Que tout l'être s'effondre
Dans la faim, le froid et la peur.
Julien Vocance
Mai 1916
Le recueil Cent visions
de guerre a été
composé au front, dans la boue des tranchées, où le poète a perdu l'oeil
gauche.
L’obus en éclats
Fait jaillir du
bouquet d’arbres
Un cercle d’oiseaux.
Trou d’obus où
cinq cadavres
Unis par les
pieds rayonnent,
Lugubre étoile de
mer.
Georges Sabiron
Soldat au 149e
d’infanterie, Georges Sabiron a été tué dans les tranchées d’Arcy-Sainte-Restitue,
quelques mois après avoir écrit ces haï-kaïs que La vie a publiés en mars 1918.
Surgit de l’herbe
verte,
Des coquelicots à
la main,
Le major ventru.
Mes amis sont
morts.
Je m’en suis fait
d’autres.
Pardon…
René Maublanc
19-20 juillet 1917
À lire :
Nouvelle revue française :
Haïkus de René Maublanc :
Julien Vocance, Le livre des
haï-kaï :
Dominique Chipot, En pleine figure. Haïkus de la guerre de 14-18. Paris, Ed. Bruno
Doucey, 2013.
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