Fueki-riūkō, c’est
la présence, dans un même haïku, de l’immuable (fueki) et de l’éphémère (riūkō).
Ce qui est changeant et ce qui est invariable peuvent coexister dans un même
haïku, créant souvent un effet de contraste qui appelle la sérénité. Les
auteurs qui traitent de ce principe supposent même qu’on fait allusion ici au yin et au yang repris dans le taoïsme, au principe bouddhiste d’impermanence,
ou au concept du clair-obscur en Occident. Quoi qu’il en soit, les oppositions
créent, dans cette poésie qu’est le haïku, un joli effet que les poètes
traditionnels de haïku ont su exploiter. À preuve, le haïku le plus connu de
Bashō, Vieil étang, oppose l’étang
calme et tranquille à l’activité de la grenouille, qui vient brouiller l’eau.
C’est aussi l’opposition entre le feu et l’eau, le jardin silencieux au bruit,
la mortalité au printemps qui renaît ou à la jeunesse, les jeunes herbes à
l’arbre mature, et ainsi de suite :
Vieil étang
une grenouille plonge
le bruit de l’eau
toi tu fais le feu
moi je vais chercher
une grosse boule de neige
Bashō
au milieu des nuées de fleurs de cerisiers
le son d’une cloche
Ueno? Asakusa?
Bashō
Un sachet de simples
sur mon lit de malade –
le printemps renaît
Shiki
Nuit d’été –
le bruit de mes socques
fait vibrer le silence
Bashō
Dans les jeunes herbes
le saule
oublie ses racines
Buson
Pèlerinage aux tombes –
le plus jeune enfant
porte le balai
Issa
Références :
Bashô, Seigneur ermite. L’intégrale des haïkus,
La table ronde, 2012.
Philippe Costa, Petit
manuel pour écrire des haïku, Philippe Picquier, 2000.
Haïku – Anthologie du poème court japonais. Présentation, choix et traduction
de Corinne Atlan et Zéno Bianu. Gallimard, 2002.
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