samedi 21 janvier 2012

Poésie brève : le sijo

Parmi les formes brèves autres que le haïku ou le tanka, nous retrouvons le sijo dans la littérature coréenne. Le sijo est un poème de 45 syllabes, datant du XVe siècle. Comme il est originaire d’Asie, on le considère comme un cousin du haïku, mais toutes les formes de poésie orientale sont apparentées à la poésie chinoise. En version originale, les poèmes les plus anciens mêlent les caractères chinois et l’alphabet coréen.

On remarque, dans le sijo, une césure à peu près au milieu de chaque vers, ce qui explique la disposition en français sur trois ou six lignes. Le sijo peut raconter une histoire, exprimer une émotion ou élaborer une idée. D’inspiration souvent bucolique,  le sijo a aussi été utilisé pour exprimer des opinions politiques. Par exemple :

Une nuit où la lune brillait sur l’île de Hansan
Seul sur une tour de guet  L’épée au côté, en proie à l’angoisse
Venu d’on ne sait où l’appel d’un sifflet me déchire les entrailles

Amiral Yi-Sun-sin (1545-1598, héros de la lutte antijaponaise)

Le sijo peut employer la métaphore et aime les jeux de mots. Évoquant les saisons et les activités humaines, les sijos portent des titres évocateurs comme Almanach du pécheur, Quand vient l’automne, À l’orée d’un verger de poiriers, etc. Maurice Coyaud, dans Chants des saisons, en présente plusieurs :

À ma mort, devenu poussière
          Je me transformerai en rossignol
          Caché le jour dans les rameaux d'un poirier
          Chargé de fleurs
          Je sortirai la nuit et chanterai tant et tant que
          Mes chants atteindront les oreilles de ma mie
(Anonyme)

Selon certaines sources, la poétesse et kisaeng (geisha coréenne) Hwang Chin-i (1506-1544) est considérée comme l’une des meilleures auteures de sijos :

Je coupe en deux la longue nuit de novembre
Glisse une moitié sous la couverture printanière
Quand il viendra, je la déroulerai pouce après pouce, pour rendre la nuit plus longue

Sources :
(page consultée le 16 janvier 2012)

Maurice Coyaud. Chants des saisons. Anthologie bilingue de la poésie coréenne. Les belles lettres, 2009. 234 p.

2 commentaires:

  1. Bonjour Louise, votre blog est vraiment sympathique. J'aurais souhaité vous le dire par courriel, mais je ne trouvais pas lien. Merci à vous.

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