On parle volontiers des « auteurs » classiques de haïku. Plusieurs femmes ont également écrit. On en parle encore trop peu dans l’histoire du haïku japonais. L’une de ces auteures est, sans contredit Chiyo-ni (1703-1775), peintre et poète. Elle mène, semble-t-il, une vie assez autonome pour l’époque, faite de voyages et de rencontres poétiques. Elle est l’élève de Shiko Kagami, disciple de Bashô. Femme d’une grande beauté, un poète compose ce haïku pour elle :
ne fais pas tomber le voyageur
de son cheval
belle herbe
Elle travaille une grande partie de sa vie dans le commerce familial de calligraphie et de peinture. Elle délaisse toutefois le commerce, à l’âge de cinquante ans, et devient nonne. La poésie devient son art de vivre. La voie spirituelle et la démarche artistique se confondent chez elle. Elle publie deux recueils de haïkus. En français, on peut lire Chiyo-ni – bonzesse au jardin nu, aux éditions Moundarren, 2005.
le rouge à lèvres
ma bouche a oublié
ah! l'eau de la source
le son de la cloche du soir
immobilisé dans le ciel
les cerisier en fleurs
ma bouche a oublié
ah! l'eau de la source
le son de la cloche du soir
immobilisé dans le ciel
les cerisier en fleurs
nuit de neige
seul le son du seau
descendant dans le puits
fraîcheur!
le bas de ma robe soulevé par le vent
dans le bosquet de bambous
l'eau limpide
ni dedans
ni dehors
le vent qui passe les disperse
les rassemble
les pluviers
première neige
ce que j'écris s'efface
ce que j'écris s'efface
dans la rue derrière
des ronflements épanouis
nuit de pleine lune
adieu
fleur du monde flottant
fleur de coquelicot
pluie de printemps
toute chose
embellit
le liseron
au seau du puits s’est enroulé
à mon voisin je vais quémander de l’eau
interrompant mon rêve
le chrysanthème sur le tatami
vient d’éclore
On peut remarquer, chez Chiyo-ni, des haïkus de la nouvelle année :
d’une coupe de saké épicé du nouvel an
jusqu’à une autre coupe
premier plaisir de l’année
voilée, dévoilée
montagne après montagne
première brume de l’année
batifolent les grues
jusque dans le ciel
premier soleil de l’année
Le dernier haïku qu’elle écrira de sa main est celui-ci :
l'eau est limpide et fraîche
les lucioles s'éteignent
rien d'autre
Elle dicte ce dernier poème avant de mourir :
j'aurai vu la lune aussi
à ce monde
adieu
Hello !
RépondreSupprimerIl m'est arrivé un peu la même chose, avec un Jeune Magnolia qui ne pousse pas bien depuis 4 ans - Et,cette année un Magnifique Liseron, aux Fleurs extraordinaires a commencé à l'encercler... je me suis souvenu du Magnifique Haïku de Chiyo-ni... Une Remise-en-Route-Haïku est Lancée... - JL d'Abrigeon - Salutations - Lauréat 9TH Mainichi-Haïku-Contest en 2005