Sugita Hisajo, née à Kagoshima en 1890 se fait connaître, comme beaucoup de femmes haïkistes, en participant à la revue Hototogisu (« Coucou ») fondée par Shiki et dirigée à ce moment par Kyoshi Takahama. Comme plusieurs autres, elle excelle à la fois en poésie et en calligraphie. Elle contribue à former Hashimoto Takako qui s’illustrera dans le haïku contemporain.
Une particularité de plusieurs de ses haïkus, outre la variété des thèmes, est la création d’une perspective en montrant à la fois un arrière-plan et un premier plan. Les fleurs sont souvent un prétexte pour utiliser ce procédé.
le ciel au-dessus de ce quartier
commence à s’ennuager
l’air frais d’automne
arrive aux fleurs d’hortensia
pays de Shinano
arrive aux fleurs d’hortensia
pays de Shinano
je coupe de la soie
des tiges de millets ondulent et s’entrelacent
à la fenêtre.
des tiges de millets ondulent et s’entrelacent
à la fenêtre.
dans l’horrible foule
mon cœur s’est brisé
à la vue des lys innocents
mon cœur s’est brisé
à la vue des lys innocents
temple en automne -
tirant violemment ses cheveux
une femme pleure
tirant violemment ses cheveux
une femme pleure
matin de froid-
tandis que j’allume le feu
l’enfant réveillé me rejoint
tandis que j’allume le feu
l’enfant réveillé me rejoint
jour des chrysanthèmes-
en peignant mes cheveux mouillés
une pluie de gouttes
en peignant mes cheveux mouillés
une pluie de gouttes
échos de voix d’un coucou
ils dominent la montagne
ils dominent la montagne
à volonté
trop serré et rigide
un éventail d’automne
kimono fleuri-
en se déshabillant s’accrochent
les différents cordons
en se déshabillant s’accrochent
les différents cordons
Une lecture au second degré est souvent proposée pour ce dernier haïku. En effet, on veut y voir une volonté, pour Sugita Hisajo, de se dégager des entraves qui maintiennent les femmes dans le rôle de mère au foyer. Elle affirme elle-même qu’elle n’éprouve aucun goût pour les tâches domestiques, se voyant totalement dédiée à son art, ce qui contraste fortement avec les mœurs de l’époque. Difficultés conjugales, idées suicidaires, maladie mentale, les différents auteurs ne s’entendent pas tous. Elle est morte, semble-t-il, dans un sanatorium en 1946.
Source : site Nekojita
Makoto Ueda, Far Beyond the Field. Haiku by Japanese Women – An Anthology. New York, Columbia University Press, 2003.
Haïjins japonaises, Du rouge aux lèvres. Anthologie traduite du japonais et présentée par Dominique Chipot et Makoto Kemmoku. La Table Ronde, 2008. 265 p.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire