samedi 23 juillet 2016
Kigo, le mot de saison
Le kigo est un mot ou un groupe de mots associé à une saison. À l’origine, le kigo indiquait dans le hokku, premier vers du renga ou poème lié, dans quelle saison le poème était écrit. La tradition est restée et, pour le haïku indépendant, qui est axé sur la nature, le mot de saison trouve tout naturellement sa place. Le kigo a pour fonction de stimuler l’engagement et l’imagination du lecteur qui peut ainsi comprendre et apprécier la mise en scène, le décor où se déploie le haïku. Pour les Japonais, le mot de saison est même la clé de l’art du haïku puisqu’il engendre l’expérience esthétique chez le lecteur. Et surtout, comme l’a remarqué Maurice Coyaud, « l’introduction obligatoire du mot-saison dans un haïku permet de ne pas sombrer dans les abstractions, ce péché mortel du haïku » (in Fourmis sans ombre - Le livre du haïku, Paris, Phébus, 1999, p. 23).
Le kigo est souvent explicite : printemps, jour d’hiver, matin d’été, etc. Il peut aussi référer à un objet, une plante, un animal, une situation, un événement associés à une saison : le pissenlit, les fleurs de cerisiers, sont associés au printemps, alors que la citrouille, les récoltes, l’Action de grâces sont associées à l’automne.
Au Japon, dans le haïku traditionnel, le choix du kigo s’effectue en référence à Kyoto, même si la floraison des cerisiers, par exemple, a lieu à des moments différents au sud et au nord du pays. Et la période du nouvel an est considérée comme une saison à part entière. Aujourd’hui, avec la prolifération du haïku sous toutes les latitudes, il est d’usage de considérer les mots de saison variables et adaptables selon les cultures. Certains remettent aussi en question l’obligation d’inclure un kigo au haïku.
Pour nourrir la créativité, des listes officielles, des almanachs de mots de saison, qu’on appelle des saijiki, ont été conçus pour l’utilisation pratique lors de l’écriture de haïkus. En 2014 était publié un Répertoire des mots de saisons adapté à l’Europe francophone et au Québec, aux Éditions du tanka francophone. On en trouve également dans Internet, en particulier dans la page de Seegan Mabesoone ou encore la page de Ryu Yotsuya qui expliquent, de manière fort intéressante, dans quel état d’esprit les Japonais conçoivent le kigo.
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