samedi 26 février 2011

Haïkus anciens II

Simone Routier (1901-1987) est écrivaine, journaliste et diplomate. Son premier recueil de poésie, L’immortel adolescent, publié en 1928, renferme 14 haïkus qu’on appelait à cette époque « haïkaïs ». Simone Routier obtient l’année suivante le prix David pour ce recueil de poèmes. En voici quelques-uns :
Violon lointain
Meubles bas, jour au déclin,
Notre cher silence . . .
Mon coeur qui t’attend
Toujours le silence,
Et l’immense effeuillement . . .
Pavés désertés,
Chaude, étrange avalanche:
Juillet, un dimanche
Élégantes verreries
Parfums exhalés:
Bonheurs en allés . . .

vendredi 18 février 2011

Premier recueil de haïkus québécois

Félix-Antoine Savard (1896-1982) est un écrivain québécois, amoureux de la nature et des traditions, connu surtout pour son roman Menaud, maître-draveur, publié en 1937. Mgr Savard, fervent admirateur de Paul Claudel, avait lu son recueil de haïkus, Cent phrases pour éventails (Gallimard, 1942). Il publie à son tour Aux marges du silence, aux Éditions Garneau, en 1975. On peut considérer qu’il s’agit là du premier recueil de haïkus québécois. En voici des extraits :

Cimes pures des monts
où mon regard a cueilli
un bouquet de chrysanthèmes!

Comme un athlète
nu
Ce bouleau dans l’aurore!

Je vois un lent poème
qui descend
par le sentier des vaches.

vendredi 11 février 2011

Aller à l'essentiel

                                                           (photo : Roger Joannette)

Une randonnée en montagne. Le soleil. Le froid, le vent, la neige. Une mésange à tête noire qui s’active dans les épinettes. Tout est là ? Oui. L’essentiel, la Vie, le matériau brut à utiliser pour laisser apparaître les haïkus. C’est tout.
matin de grand froid
ma boussole indique le nord
au sud
(Hivernité, Éditions du Glaciel, 2010)

vendredi 4 février 2011

Haïkus d'autrefois

Plusieurs poètes québécois ont, à l'occasion, pratiqué le haïku avec bonheur. Entre autres, Jean-Aubert Loranger (1896-1942), journaliste et écrivain, qui a publié Poèmes (Montréal, L. Ad. Morissette) en 1922. Dans un chapitre intitulé «Sur le mode d’anciens poèmes chinois – Haïkais & outas», on peut lire ceci :

La lampe casquée
Pose un rond sur l’écritoire.
– Une assiette blanche.

Et j’attends l’aurore
Du premier jour de sa mort.
Déjà ! Se peut-il ?

L’aube éveille les coqs,
Et tous les coqs, à leur tour,
Réveillent le bedeau.

L’aube prend la lampe,
Au pavé des pas pressés,
– La première messe.

Une « horloge grand-père »,
Ô ce cercueil debout
Et fermé sur le temps.